Taxis vs transport sanitaire : tensions autour de la nouvelle tarification


Depuis l’été 2025, la réforme du transport sanitaire par taxi suscite une vive contestation au sein de la profession. Les syndicats de chauffeurs dénoncent la convention-cadre signée début août par l’Assurance Maladie, qu’ils jugent « déséquilibrée » et porteuse de pertes importantes de revenus. Cette nouvelle convention instaure un forfait de prise en charge unique de 13 € (contre un maximum de 26 € auparavant) pour les transports sanitaires conventionnés. Or, les professionnels estiment que cette tarification abaissée entraînera une baisse de rémunération de l’ordre de 30 à 40 % sur certaines courses.
Face à ces changements, les fédérations de taxis ont appelé à une mobilisation nationale dès le 5 septembre 2025 pour protester contre la réforme.


Points clés

Contexte de la réforme (août 2025)

L’Assurance Maladie a fait adopter début août 2025 une convention-cadre redéfinissant la tarification du transport sanitaire conventionné. Celle-ci vise à simplifier les tarifs et à maîtriser les dépenses. La principale mesure consiste en un forfait unique de 13 € par prise en charge (contre jusqu’à 26 € auparavant). Les chauffeurs réclament le gel de cette convention, s’inquiétant de la perte de revenus que cela induit.

Tarifs et pertes financières

Dans le détail, le nouveau barème prévoit 13 € de forfait, plus un tarif kilométrique uniforme selon le département, contre un tarif forfaitaire actuel de 26 € dans certaines zones. Les taxis dénoncent une perte de chiffre d’affaires très significative : ils estiment que la réforme pourrait réduire leurs recettes de 30 % à 40 % pour certaines missions.

Mobilisation prévue le 5 septembre 2025

Les organisations syndicales ont appelé à une grève et des blocages le 5 septembre 2025 à Paris et en Île-de-France, afin de protester contre ces nouvelles conditions tarifaires. Des points de blocage stratégiques étaient annoncés (Champs-Élysées, gares parisiennes, aéroports de Roissy et Orly, etc.) pour maximiser l’impact de l’action.

Report de la mobilisation

Finalement, la mobilisation a été reportée fin août 2025. L’interfédérale des taxis a officialisé cette décision le 27 août, expliquant qu’elle attendait l’issue du vote de confiance que le gouvernement devait solliciter le 8 septembre au Parlement. Les syndicats précisent que leurs revendications restent en suspens et appellent à rester prêts à agir dès que la situation politique sera clarifiée.


Impacts et ce que les usagers doivent savoir

Risques de perturbation des transports

Si la grève et les blocages avaient lieu, on peut s’attendre à des perturbations sur les axes routiers, ainsi qu’aux abords des gares et des aéroports parisiens. Les chauffeurs prévoyaient par exemple de filtrer l’accès aux grands pôles de transport (Champs-Élysées, Roissy, Orly, grandes gares) pour faire pression sur le gouvernement. Même si l’action a été reportée, les usagers doivent rester vigilants : en cas de reprise de la mobilisation, certains trajets en taxi pourraient subir des retards ou des annulations, notamment aux heures de pointe et dans les zones visées par les blocages annoncés.

Tarification sanitaire et reste à charge des patients

Cette réforme pourrait modifier le remboursement des transports sanitaires pour les patients. Actuellement, l’Assurance Maladie prend en charge 65 % du coût d’un trajet en taxi (voire 100 % dans certains cas d’affections de longue durée). Le nouveau dispositif prévoit un forfait de 13 € et un tarif au kilomètre, ce qui pourrait entraîner, dans certaines zones, un abaissement de la base de remboursement. Concrètement, cela signifie que dans certains cas le montant remboursé pourrait diminuer, augmentant ainsi le reste à charge pour l’usager. Les patients titulaires d’une prescription de transport médical (dialyses, chimiothérapies, soins spécialisés, etc.) doivent donc vérifier que le taxi est bien conventionné et anticiper un éventuel complément à payer.

Impact sur le métier de chauffeur

Pour les professionnels, cette réforme est perçue comme très contraignante. De nombreux chauffeurs de taxi réalisent déjà une part très importante de leur chiffre d’affaires via le transport médical : certains citent jusqu’à 85 % de leur revenu lié à ces courses. Or, avec la nouvelle convention, un trajet type longue distance (par exemple Colmar–Strasbourg) pourrait rapporter environ 240 € aujourd’hui et être réduit de moitié sous la nouvelle tarification. Au-delà de la perte de revenus immédiate, les chauffeurs s’inquiètent de l’attractivité future du métier. Des parcours de santé moins rémunérés risquent de devenir inintéressants, notamment en zone rurale où les distances sont longues. En somme, la réforme touche directement le pouvoir d’achat et la viabilité économique de beaucoup de taxis conventionnés.


Aspects professionnels

Mobilisation et négociations syndicales

Les principales fédérations de taxis (FFCT, FNDT, etc.) ont largement relayé la contestation. Depuis le printemps 2025, elles ont organisé plusieurs journées de grève et de manifestations à travers la France, multipliant blocages d’autoroutes et opérations « escargot » pour faire valoir leurs revendications. Elles exigent notamment une renégociation de la convention tarifaire et un meilleur encadrement de leurs conditions de travail. Les organisations indiquent rester mobilisées et prêtes à reprendre les actions dès que possible.

Dialogue avec le gouvernement

De leur côté, les autorités cherchent à désamorcer la crise. En mai 2025, le Premier ministre François Bayrou s’était déclaré prêt à « réexaminer » le projet en concertation avec les chauffeurs, mais les syndicats ont jugé ces discussions « insatisfaisantes ». Plus récemment, la ministre déléguée à la Santé, Catherine Vautrin, a affirmé la nécessité de contrôler les dépenses tout en garantissant l’accès aux soins. Le gouvernement estime que la réforme permettrait d’économiser environ 150 millions d’euros par an, tout en harmonisant les tarifs sur le territoire. Des « discussions supplémentaires » ont été promises avec le secteur sanitaire pour ajuster le dispositif, mais les taxis attendent des avancées concrètes avant d’envisager d’abandonner leur opposition.

Tensions avec les autres modes de transport

Cette refonte du transport sanitaire par taxi fait également écho à la concurrence d’autres services de transport médical. Les taxis ciblent notamment les VTC (Véhicules de Tourisme avec Chauffeur), qu’ils accusent de ne pas être soumis aux mêmes règles conventionnelles. Lors des dernières mobilisations, de nombreux chauffeurs ont dénoncé « la concurrence déloyale » des plateformes type Uber ou Bolt et ont réclamé un durcissement des contrôles contre les fraudes et le maraudage des VTC. Les pouvoirs publics ont annoncé un renforcement des contrôles et des sanctions contre l’exercice illégal, mais les tensions entre taxis et VTC restent vives dans le contexte de cette réforme.


En résumé

La nouvelle tarification du transport sanitaire a déclenché une crise sociale majeure chez les taxis conventionnés. Les chauffeurs continuent de faire pression par la mobilisation, tandis que le gouvernement explore des pistes d’ajustement pour concilier maîtrise budgétaire et continuité du service public. Les semaines à venir détermineront si un compromis sera trouvé et si les prochains transports médicaux pourront se faire dans un climat apaisé.

Gibert M.

Auteur de cet article

Gibert M.

Entrepreneur & Rédacteur en chef

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