Réforme du transport sanitaire : ce qui change pour les taxis depuis le 1ᵉʳ octobre 2025
Contexte & enjeux de la réforme
Depuis plusieurs années, les dépenses liées aux transports sanitaires (ambulances, VSL, taxis conventionnés) connaissent une forte hausse. En 2024, le total remboursé s’élève à environ 6,7 milliards d’euros, dont près de la moitié imputable aux taxis conventionnés.
Face à cela, l’Assurance Maladie et l’État veulent donner un nouveau cadre plus “soutenable” et maîtrisé pour le transport sanitaire, notamment via une nouvelle convention-cadre nationale qui prendra effet le 1er octobre 2025.
Les objectifs affichés sont :
- Rendre les tarifs plus lisibles et homogènes
- Encourager le transport partagé (mutualisation des trajets lorsque la situation médicale le permet)
- Limiter les trajets “à vide” (retours sans patient)
- Revoir la répartition géographique des taxis conventionnés pour réduire les zones de “sous-offre”
- Maîtriser la dépense publique : l’État vise des économies de l’ordre de 300 millions d’euros sur la période 2025-2027.
Mais cette réforme suscite une vive inquiétude parmi les chauffeurs, qui craignent une baisse de revenus marquée.
Ce qui change : les nouveautés majeures
Voici les principales mesures et modifications prévues dans la nouvelle convention :
| Élément | Situation actuelle / diversité selon le département | Ce que prévoit la réforme à partir d’octobre 2025 |
|---|---|---|
| Forfait de prise en charge | Variable selon les conventions locales | Forfait unique de 13 € pour la prise en charge initiale, avec majoration dans les grandes agglomérations. |
| Tarif kilométrique | Plutôt hétérogène selon les départements | Un tarif au km s’ajoutera à partir du 5ᵉ kilomètre, adapté par département. |
| Majoration / conditions spéciales | Majoration de nuit, jours fériés parfois locales | Majoration renforcée pour les transports nocturnes, week-ends, trajets avec retour à vide ou transports spécifiques. |
| Transport partagé (mutualisation) | Peu ou pas systématique selon les zones | Généralisation du transport partagé lorsque l’état du patient le permet et que les trajets sont compatibles. |
| Conditions de conventionnement & éligibilité | Tous les taxis conventionnés selon critères locaux | Tous les taxis conventionnés actuels pourront signer la nouvelle convention entre juin et septembre 2025. Renforcement des critères géographiques et d’activité pour éviter les redondances. |
| Digitalisation / traçabilité | Niveau variable selon les territoires | Obligation probable de géolocalisation / systèmes de suivi pour mieux coordonner les trajets et limiter les pertes. |
Une disposition à noter : dès le 28 février 2025, un décret précise les conditions du transport médical partagé (deux patients transportés simultanément si les trajets sont compatibles et l’état médical le permet) — cette mesure entre dans la logique de mutualisation.
Par ailleurs, l’arrêté du 16 mai 2025 approuve la convention-cadre modificative pour le transport sanitaire, avec des clauses sur la “fusion d’établissements de santé” ou les “zones de carence” comme facteur déclencheur pour des adaptations tarifaires.
Ce que les chauffeurs risquent / craignent
1 Baisse des revenus / perte de rentabilité
Les principales critiques portent sur le fait que la nouvelle tarification pourrait réduire le revenu des taxis dans de nombreux départements. Certains évoquent une chute de revenus de 30 % ou plus pour les chauffeurs fortement dépendants des courses conventionnées.
Pour les grandes agglomérations, les majorations compensatrices pourraient ne pas suffire à compenser les surcoûts (embouteillages, temps d’attente, frais).
2 Risque d’exclusion / perte du conventionnement
Tous ne seront pas nécessairement reconduits dans le nouveau dispositif : certains chauffeurs pourraient être exclus si leurs zones d’activité sont redondantes ou mal réparties géographiquement selon les critères rénovés.
3 Pression accrue sur les coûts et investissements
L’obligation de traçabilité, de géolocalisation ou de mise à jour des systèmes informatiques imposera des investissements — particulièrement pour les petits taxis indépendants.
4 Tensions sociales et actions mobilisatrices
La profession s’est déjà mobilisée fortement (grèves, blocages) pour s’opposer à la mise en œuvre sans aménagement.
Certains chauffeurs estiment que le gouvernement impose une réforme sans vraie concertation.
Que faire pour se préparer ?
Voici quelques pistes pour les chauffeurs pour anticiper la transition :
- Se tenir informé : signer la nouvelle convention entre juin et septembre 2025 si éligible.
- Analyser son mix d’activité : calculer la part de transport sanitaire dans le chiffre d’affaires pour identifier le risque.
- Réduire les coûts fixes : optimiser les trajets, moderniser ou mutualiser les outils de gestion.
- Coopérer / mutualiser : s’associer à d’autres taxis pour coordonner les courses partagées.
- Diversifier l’activité : moins dépendre uniquement des courses conventionnées.
- S’équiper : anticiper les besoins de géolocalisation / systèmes de suivi si la réglementation le rend obligatoire.
Enjeux pour l’usager & pour le système de santé
- Le transport partagé pourrait signifier des temps d’attente ou des détours supplémentaires pour certains patients, mais contribuer à une moindre dépense collective.
- Pour les zones rurales / peu dense, certains taxis pourraient cesser le conventionnement, aggravant les déserts de transport sanitaire.
- Le système s’attend à gagner en efficacité et à mieux contrôler les “abus” constatés dans certaines conventions locales.
6. Conclusion & perspectives
La réforme du transport sanitaire envisagée pour le 1ᵉʳ octobre 2025 est l’un des tournants majeurs que la profession de chauffeur de taxi ait à affronter ces dernières années. Si l’État affiche des intentions d’équité, de maîtrise des dépenses et de réorganisation du secteur, les risques pour les chauffeurs — baisse de revenus, exclusion possible, coûts imposés — sont réels et lourds.
Le dialogue doit absolument se poursuivre : propositions ajustées, simulations transparentes, aménagements locaux — sans quoi la profession pourrait subir des transformations brutales. Dans les prochains mois, surveille les discussions, participe aux réunions professionnelles et prépare ta stratégie pour naviguer dans ce nouveau cadre.